Accident tragique Albert CAMUS

A l'heure ou sort un film retraçant la vie d'Albert CAMUS, retour sur le tragique accident qui a mis fin à ces jours .

21 novembre 2025

Tragédie et ironie : la mort d’Albert Camus

En janvier 1960, **Albert Camus**, prix Nobel de littérature 1957, trouvait la mort à seulement 46 ans dans un accident automobile près de Paris. Le philosophe et écrivain voyageait avec son ami et éditeur **Michel Gallimard** lorsque leur **Facel Vega** a quitté la route à près de 130 km/h et s’est écrasée contre un arbre. Camus est mort sur le coup, tandis que Gallimard succombait quelques jours plus tard à ses blessures.

La photographie de l’épave capture non seulement la violence de l’accident, mais aussi le choc pour le monde intellectuel. Camus, auteur de **L’Étranger** et **Le Mythe de Sisyphe**, explorait depuis des années l’absurdité, le sens de la vie et la résilience humaine. Sa disparition brutale fut ressentie comme un coup cruel pour la littérature et la pensée du XXᵉ siècle.

Un détail particulièrement frappant : dans sa mallette, un **billet de train non utilisé**. Camus devait initialement rentrer à Paris par le rail, mais décida à la dernière minute de prendre la voiture de Gallimard. Pour beaucoup, ce choix tragique semblait une ironie cruelle, presque à l’image de l’absurde qu’il avait tant théorisé.

L’accident a aussi révélé un autre trésor : **le manuscrit inachevé de son dernier roman, *Le Premier Homme***, retrouvé sur la banquette arrière. Publié à titre posthume en 1994, ce récit semi-autobiographique explore son enfance en Algérie et offre un aperçu intime de sa vie et de sa pensée, laissant imaginer une nouvelle direction philosophique qu’il aurait pu emprunter.

le 11 novembre 1950, Pierre BOULANGER se tuait sur la N9, un drame pour CITROEN et MICHELIN

21 novembre 2025

Il y a pile 70 ans, le 11 novembre 1950, Pierre Boulanger, directeur général des usines Citroën, alors propriété de Michelin, se tuait sur la Nationale 9. Thierry Dubois, dessinateur-illustrateur et historien des routes revient sur le drame pour 7 Jours à Clermont

Il est 13h15, ce samedi 11 novembre 1950. Monsieur Jastrelski, cultivateur, débouche d’un chemin qui donne sur la Nationale 9 au Broût-Vernet, quelques kilomètres au Nord de Gannat, Allier. Il voit passer une Citroën Traction Avant noire qui roule assez vite vers Clermont-Ferrand. Alors qu’il s’engage avec son tracteur sur la Nationale, il entend un grand fracas au loin : après plusieurs embardées, la Traction Avant a terminé sa course, enroulée autour d’un arbre… Il se précipite mais ne peut rien faire pour le conducteur, manifestement tué sur le coup et coincé dans l’habitacle. Sa femme est blessée et gémit doucement. Les secours s’organisent et elle est évacuée vers l’hôpital de Clermont-Ferrand.

Le trajet Paris-Clermont servait souvent de banc d’essai

Rapidement, la nouvelle parcourt le pays : l’homme tué dans l’accident est Pierre Boulanger, Directeur Général des usines Citroën, ami intime de la famille Michelin. Avec son épouse, ils avaient quitté Paris le matin, avaient déjeuné à Moulins et se dirigeaient vers la maison familiale de Lempdes, près de Clermont. Et comme à chaque fois qu’une telle personnalité disparait, des questions se posent : s’agirait-il d’un attentat comme on l’a supposé pour la mort de Pierre Michelin 13 ans plus tôt ? Sa voiture était-elle un prototype spécial, équipé d’une boite 4 vitesses qui aurait eu une défaillance ? Ou d’un nouveau moteur destiné à la VGD (la future DS) ?

La Traction de Pierre Boulanger après l’accident

Il semble qu’il ait été victime d’un malaise, c’est du moins ce que racontera sa femme qui, occupée par un ouvrage de couture, l’a senti tomber sur elle juste avant l’accident. Les photos de l’auto montrent que la mécanique semblait d’origine, ou plutôt qu’il s’agissait d’un montage en avant-première du moteur de la future 11D, légèrement plus puissant, qui sera monté en série à partie de 1955. Il est vrai que le trajet Paris Clermont-Ferrand servait souvent de banc d’essai pour les dirigeants de Michelin et Citroën, qui faisaient régulièrement part de leurs observations au bureau d’étude de la marque aux chevrons. Ils y payeront un lourd tribut avec la mort de Pierre Michelin en 1937 et de Jean-Luc Michelin et sa famille en 1949, sans oublier le grave accident de Robert Puiseux en 1947 et celui de Pierre Boulanger.

Ancien combattant de la grande guerre et « père » de la 2CV

Né en 1885, Pierre Boulanger avait connu la famille Michelin pendant son service militaire. Ancien combattant de la Grande Guerre qu’il termine avec le grade de capitaine, la Croix de Guerre et la Légion d’Honneur, il rejoint la firme Michelin en 1919. Lorsque Michelin reprend Citroën en 1935, il seconde le nouveau directeur Pierre Michelin et le remplace après sa mort. Pierre Boulanger est le père de la 2CV Citroën dont il aurait eu l’idée en voyant les paysans au marché de Lempdes : un petite voiture très légère et économique permettrait de motoriser facilement le monde du travail. (voir notre article 2cv l’immortelle) Stoppé par la guerre, le projet verra le jour en 1948 avec le succès que l’on sait. Autre réalisation, la VGD, future DS, dont il ne verra pas la sortie 5 ans après sa mort, au Salon 1955. Une stèle lui rend hommage sur les lieux de l’accident au bord de la Nationale 9, au lieu-dit Le Poirier, à Broût-Vernet (03).

 


 

André Citroën, né le  à Paris, et mort le  à Paris, est un ingénieur polytechnicien français, pionnier de l'industrie automobile, fondateur de l'empire industriel automobile Citroën en 1919.

C'est l'une des figures les plus importantes de l’industrie automobile. Son œuvre dépasse les frontières françaises, tant les méthodes de production et de marketing à grande échelle qu'il introduisit ont révolutionné le domaine. L’Amérique du Nord où s’invente la production moderne de l’automobile est devenue la référence d’André Citroën. Il désire être le « Henry Ford européen », appliquant les méthodes du fordisme ajoutées à l’exigence et l’innovation technique, et construire une voiture populaire pour mettre l’automobile à la portée du plus grand nombre.

André Citroën ne s'est pas fait connaître comme ingénieur automobile, mais en tant qu'industriel. Sa gestion de l'entreprise et son charisme plus que son « génie de l'invention » lui ont permis de s'entourer de grands noms et de talents de l'époque. Il a su les motiver grâce à un entregent hors pair. Il a également su apporter à son entreprise les techniques développées en Europe, notamment en Allemagne, et aux États-Unis. André Citroën n'a pas inventé la Traction Avant, ni été le premier à avoir commercialisé une voiture dotée de cette technique ; mais les Citroën 7, 11 et 15 Ch « traction avant » restent les premières automobiles à avoir popularisé cette technique, au point d'être devenues dans le langage courant les « Tractions ». Il est également réputé pour son savoir-faire médiatique, à l'image de la formidable campagne orchestrée lors du lancement de la Traction Avant. Le slogan « En avant ! » devient le symbole de la firme.

Malgré ces nombreuses qualités, le goût pour la démesure d'André Citroën et l'expansion trop rapide de sa firme mènent la société Citroën à la liquidation judiciaire, puis à sa reprise par Michelin.